Batifolles

Y’a la lumière du soleil qui commence tout juste à filtrer à travers les persiennes. Il est tôt. Il est trop tôt. Hors de question de se lever. De toute façon j’ai pas très envie de me lever, et c’est pas l’heure qui me fait dire ça. C’est juste que devant moi, y’a ta silhouette assoupie. Je crois qu’il était tard quand on a sonné l’extinction des feux. Où tôt le matin. Enfin bref j’ai pas assez dormi. Alors je me rapproche de toi, je glisse mon bras le long de ton t-shirt, je viens me poser comme un calque de ta forme, le long de ta chaleur. Je t’écoute murmurer dans ton sommeil. Tes bruissements, c’est ma douce berceuse, ma piste de décollage vers la banlieue de Morphée.

Garçonne

En face de moi y’a le miroir. Et dans le miroir cette silhouette. Je me reconnais à peine. Je me suis rasée, épilée, maquillée, habillée. J’ai de l’allure, du charme ; du glamour, même. Un pantalon très près du corps dévoile la forme de mes jambes. Il est intentionnellement court pour montrer mes mollets glabres. Mes jambes ne sont plus mes jambes. Ou alors elles le sont enfin. J’ai enfilé des talons hauts pour la première fois.

Cinq émois cinématographiques

J’ai pas très envie de raconter ma vie. Peut-être que je partagerais des idées, des interrogations, des réflexions. Peut-être (sûrement) que je partagerais des recettes de cuisine! Là j’ai envie de poser les images qui m’ont bouleversé.e l’année passée. Je ne saurais pas trop classer ça, pas par ordre de préférence en tout cas. Tous les films ne sont pas de 2019 ; on s’en fout.

Complices

Je crois qu’il n’y a pas de plus belle émotion pour moi que la complicité. Cette petite bulle partagée avec une, un, des autres, cette sensation que l’on a notre petit monde à nous. Il n’y a pas de pouvoir, dans la complicité. Je crois qu’on ne peut pas être complice avec quelqu’un qui nous domine ou que l’on domine. Il me semble que dans cette émotion, on a besoin d’être au même endroit, embarqué dans le même pacte secret.

Peaux-rouges

Tu sais quoi ? Je crois que c’est l’odeur du sang qui m’a marquée en première. J’avais l’impression d’être un requin, je te devinais à distance. Je me suis glissée dans le couloir qui menait jusqu’à ta chambre, furtive. La porte était entrouverte, un rayon de lumière orangée barrait le couloir. Je me serais crue dans un canyon, à l’affût des guets-apens, éclaireuse de pacotille au milieu de la nuit.
Tu avais mis de la musique, je crois. Un morceau plein de fourmillements, comme un orchestre d’insectes. Les notes venaient rebondir sur mes poils hérissés par l’excitation. Tu m’attendais, je le savais.

Le monde commence aujourd’hui

Aujourd’hui ce n’est pas un texte de moi que je partage. C’est le début d’un bouquin de Jacques Lusseyran : « Le monde commence aujourd’hui ». Ca me parle beaucoup.

Demi-vie

“Tu connais la demi-vie ? » Je lui ai dit.
« Oui, je crois. C’est bien cette histoire de temps au bout duquel il reste la moitié d’une quantité de matière ?
– C’est ça. C’est un peu comme l’histoire de cette flèche qui n’atteint jamais sa cible parce qu’elle parcourt la moitié du trajet, puis la moitié restante et ainsi de suite, sans jamais parvenir au but complètement.

Au bord des falaises

J’ai grandi dans un pays de falaises. J’ai beaucoup marché sur les sentiers de douaniers. C’est le parcours liminaire entre la terre et la mer, l’espace venteux où je touche à la liberté. C’est un endroit que j’aime, où je pourrais déambuler sans fin. Les ajoncs sont mes compagnons, le ressac ma bande-son. Et quand je regarde le vide à mes pieds, je me sens devenir oiseau, sur le point de m’élancer dans l’abîme.

Marcel (3/3)

Suite et fin de l’exercice. À vous de jouer maintenant !

Marcel (2/3)

Suite de l’exercice d’introspection avec dix nouvelles questions. C’est toujours assez intéressant à faire, et je me demande quel regard je porterai sur tout ça dans quelques années.