Melville, la nuit

Marcel (3/3)

Vos héroïnes dans l’histoire ?
Elles sont nombreuses, mais j’en citerai deux particulièrement chères à mon coeur : Louise Michel et Joséphine Baker. Elles sont de ces figures qui se tiennent debout dans la tempête, des Antigones de chair et de sang. Elles tracent leur voie sans se soucier de la place qu’on leur assigne. J’ai de l’amour pour ce genre de personnalités.


Vos noms favoris ?
Commençons la liste avec le mien : Melville. Parce que je l’ai choisi, parce qu’il y a des pronoms qui dansent avec le genre en son sein (el, ille), parce qu’il me fait penser à la mer et au monde sauvage et puis aussi parce que ce n’est pas vraiment un prénom.
Cassiopée, Philémon, Laureline, Bastien, les autres renvoient souvent à des choses (oeuvres, constellations …) qui m’ont fait rêver.


Ce que vous détestez par-dessus tout ?
La malhonnêteté dominatrice, celle qui consiste à faire preuve de mauvaise fois juste pour rabaisser, humilier ou faire souffrir l’autre. Je peux comprendre qu’on soit en désaccord avec moi, mais la rhétorique des manipulateurs, je la conchie.


Les personnages historiques que vous méprisez le plus ?
Ce serait facile de dire Hitler, n’est-ce pas. Mais je vais choisir un autre Adolphe, celui qui a fait massacrer la Commune de Paris, Adolphe Thiers.


Le fait militaire que vous estimez le plus ?
La désertion. Non, la mutinerie.


La réforme que vous estimez le plus ?
Je ne sais pas trop choisir. De façon générale, les réformes qui vont dans le sens de plus de plus d’égalité (notamment de genre) et plus de solidarité. Droit de vote des femmes, accès à l’IVG, mise en place de la sécurité sociale, union pour les couples de même genre …

Le don de la nature que vous voudriez avoir ?
J’aimerais savoir chanter. Mais bon, ça peut s’apprendre. J’aimerais savoir dessiner, aussi, ne serait-ce que pour illustrer moi-même mes propres textes. Ça me semble mal barré sur ce point, tant pis !


Comment vous aimeriez mourir ?
J’aimerais avoir le temps de savoir que je vais mourir. J’aimerais avoir le temps de dire au revoir aux personnes que j’aime, leur faire un dernier cadeau, leur laisser un dernier souvenir et les prendre dans mes bras. Puis j’aimerais partir seul comme un vieil éléphant, partir dans une forêt, m’allonger au pied d’un grand arbre et enfin m’éteindre.


Votre état d’esprit actuel ?
En ce moment j’explore la solitude affective et sensuelle. Ce n’est pas vraiment un choix, mais d’ici à ce que les choses changent, autant en faire une expérience enrichissante, non ? De façon plus large, je me recalibre. J’ai passé deux ans à renverser ma vie, à trouver ma place juste à plein de points de vue (orientation sexuelle, genre, modalités relationnelles, engagement militant politique et écologique, métier). Ça commence doucement à se stabiliser, je crois. Je suis bien là où je suis, maintenant il faut que je laisse ces herbes-là infuser en moi et que je voie où elles vont m’emmener.
Les fautes qui vous inspirent le plus d’indulgence ?
Celles pour lesquelles on présente spontanément ses excuses, qu’on s’applique à ne pas dissimuler et à ne pas répéter.


Votre devise ?
Depuis longtemps, je promène avec moi ce dicton : “La gentillesse, c’est l’intelligence du coeur.”
Et puis il y a cette citation de Prévert, aussi : “Essayons d’être heureux, ne serait-ce que pour donner l’exemple.”