L’île

Là-bas, il y a les plus grandes tempêtes auxquelles j’ai assisté de toute ma vie. Les vagues s’y font ogres, j’ai moi-même failli finir dévoré. Il y a aussi des éclaircies dont la lumière n’est à nulle autre pareille.
L’île, c’était un endroit de fascination, un exotisme à portée de main. J’avais grandi sur le continent, non loin de la mer. Je savais confusément que l’on y vivait le monde différemment. Les repères n’étaient pas les mêmes, la temporalité non plus. Les marées y imprimaient leur rythme et le paysage changeait sans cesse. Tout y semblait plus poétique, nourri d’une atmosphère particulière que je percevais sans savoir la décrire. Cet au-delà de mes territoires familiers, je m’y suis aventuré pour la première fois une nuit de fin d’été.

Griffures

“On les aime bien, les petites griffures de l’amour.”

Je ne me souviens plus exactement quand tu as dit ça. Je crois que tu commentais un chant d’opéra. Je ne me souviens plus vraiment ce que j’ai répondu. J’ai probablement dû aller dans ton sens. Mais en réalité, ce n’est pas mon cas. 

Mourrir un peu

Salut ma ville,
je suis partie. Un peu vite, un peu discrètement ; je n’ai pas voulu te déranger. Je t’ai aimé ma ville. Je t’aime toujours. On n’efface pas dix-huit ans d’histoire commune comme ça. Mais voilà, là, maintenant, j’ai besoin d’autre chose. Tu sais, c’est avec toi que j’ai vécu ma deuxième vie, ma vie d’homme. On s’est baladé, moi dans tes bras, alors que tu me montrais des recoins magiques. Tu m’as fait le grand spectacle un nombre incalculable de fois. Je ne regrette rien de nous. C’était beau, c’était juste et doux.

Complices

Je crois qu’il n’y a pas de plus belle émotion pour moi que la complicité. Cette petite bulle partagée avec une, un, des autres, cette sensation que l’on a notre petit monde à nous. Il n’y a pas de pouvoir, dans la complicité. Je crois qu’on ne peut pas être complice avec quelqu’un qui nous domine ou que l’on domine. Il me semble que dans cette émotion, on a besoin d’être au même endroit, embarqué dans le même pacte secret.

Demi-vie

“Tu connais la demi-vie ? » Je lui ai dit.
« Oui, je crois. C’est bien cette histoire de temps au bout duquel il reste la moitié d’une quantité de matière ?
– C’est ça. C’est un peu comme l’histoire de cette flèche qui n’atteint jamais sa cible parce qu’elle parcourt la moitié du trajet, puis la moitié restante et ainsi de suite, sans jamais parvenir au but complètement.

Au bord des falaises

J’ai grandi dans un pays de falaises. J’ai beaucoup marché sur les sentiers de douaniers. C’est le parcours liminaire entre la terre et la mer, l’espace venteux où je touche à la liberté. C’est un endroit que j’aime, où je pourrais déambuler sans fin. Les ajoncs sont mes compagnons, le ressac ma bande-son. Et quand je regarde le vide à mes pieds, je me sens devenir oiseau, sur le point de m’élancer dans l’abîme.

Marcel (3/3)

Suite et fin de l’exercice. À vous de jouer maintenant !

Marcel (2/3)

Suite de l’exercice d’introspection avec dix nouvelles questions. C’est toujours assez intéressant à faire, et je me demande quel regard je porterai sur tout ça dans quelques années.

Marcel (1/3)

Je m’essaie au questionnaire de Proust, comme un petit exercice d’exploration intérieure étalé sous vos yeux.

Des épices

J’aime t’embrasser quand tu rentres de chez le dentiste. Tu as goût de clou de girofle. J’aime goûter ta bouche épicée. C’est un plaisir de gourmet. Le petit bout de ta langue humide vient se frotter à la mienne, nos dents tintent parfois. Tes puissants arômes m’envahissent, me racontent des histoires de voyage et de cuisine.