Melville, la nuit

Le coin du couloir

C’est l’ombre en face de moi. 
L’incertitude silencieuse anxieuse. 
La certitude fataliste poisseuse. 

Il y a de l’obscurité au coin du couloir, et je sais qu’elle est nourrie de mauvaises nouvelles. Je ne veux pas passer mais mes pas m’entraînent. 
Je freine. 
En vain. 
Je m’agrippe à la lumière. 
En vain. 

J’ai le cœur en fractions d’éclats de verre. J’ai le cœur qui coupe en dedans et le souffle court des escaliers sans fin. 
Elle s’arrête quand la spirale ? 

C’est l’ombre en face de moi. 
Pas en face. Plus en face. Autour. 
C’est l’ombre qui me déguste pareil qu’un gourmet trois étoiles. 
Par petites bouchées. 
Là où c’est tendre et sensible. 
Là où c’est rose et doux. 

Tu ne laisses que les os et les nerfs. 
Tu ne me laisses que les os et les nerfs et mes yeux qui ne pleurent même pas. 

Il est où l’éclat ?