Melville, la nuit

Dirty talk

Dans mon dos, le bois de la porte est rigide et froid, mais je m’en fiche. J’ai mes cuisses autour de ta taille, je sens tes mains sur mes fesses et ta langue qui caresse la mienne ; c’est tout ce qui compte, tout ce qui absorbe mon attention, là, maintenant.
“J’ai envie de te parler cru.”
Tu as la bouche dans mon cou, j’ai susurré dans le pavillon de ton oreille. Tu ânonnes un acquiescement désarticulé, puis tu te reprends. Je sens tes lèvres se déventouser de ma peau, la légère brûlure qui laissera sûrement une marque, comme une dédicace sur mon épiderme.
“Oui. J’ai envie de ça aussi. J’ai envie de te voir lâcher la bride à ta sauvagerie.”

“Ah oui, ça te plairait, espèce de petit faune ?”
J’ai embrayé sans attendre, dès que tu as entrouvert la porte. L’envie déborde de ma bouche.
“Ça te plaît de m’attraper comme ça, comme une amphore remplie de promesses ?
– Oui.
– Et tu as envie de me lécher partout, de t’imaginer que je suis une glace délicieuse ?
– Oui !
– Et tu sens mes ongles qui s’accrochent à toi un peu plus fort à chaque fois que tu remues les hanches ?
– OUI !”
Tu es en pleine montée d’excitation. Tu trembles de partout, la sueur coule le long de ton front. Ça me fait beaucoup, beaucoup d’effet.
“ Parle-moi encore.
– Tu n’as pas dit le mot magique …
– Parle-moi encore, mon amour.
– Pour que je te dise comme j’ai envie que tu me déshabilles ?
– Oui. Je suis à deux doigts de t’arracher tes vêtements, là.
– Tu bluffes.”
J’ai le sourire mutin, je sais qu’il n’y a pas de bluff entre nous.

Les vêtements craquent, volent, hurlent. Et puis c’est le silence de deux nudités qui s’observent. Tu as les yeux fous. J’ai la chair de poule. Tu vibres. Je sens mes griffes qui réclament ton dos.

“Allonge-toi, maintenant. Je veux que tu sois mon tapis, mon coussin, celui sur lequel je me caresse quand l’après-midi n’en finit pas de ne pas finir.
– J’ai toujours trouvé que ce coussin avait une odeur délicieuse.
– Alors que moi c’est dans ton linge sale que j’aime fourrer mon nez.
– C’est dommage, je viens juste de m’en débarrasser.
– C’est pas grave, je me contenterai du mannequin qui le porte.”
Tu te tais. Tu te figes. Je fais le tour de toi. Je te chuchote tous tes surnoms pendant que ma main palpe nonchalamment ton anatomie. Pas un souffle, pas un mouvement.

Je m’agenouille contre toi, le visage à hauteur de ton intimité.
“ Et maintenant, tu as envie de rester pantin de bois, ou tu as envie que je joue les fées bleues ?”