Melville, la nuit

Obscurité

Dans la longue nuit un éclair flamboyant
une flammèche au milieu des ombres
qui se faufile
qui glisse
sans un bruit.
Autour le monde s’est fait silence, on croirait le fond de l’océan.
Celles qui dorment sont enfouies dans le ventre chaud de la terre
celles qui ne dorment pas se taisent
et personne ne prête attention à la touffe de pelage roux accroché dans les ronces.

Tu passes. Je te vois.
Il n’y a que toi et moi.

Mon long manteau entoure ton épaisse robe
la lueur curieuse de tes yeux me transperce
invincible, immanente,
face à toi je me sens vulnérable. Je sais que te ne me veux pas de mal,
je crois que tu ne me veux pas de mal,
j’espère.

Il y a la fine ligne blanche brisée de tes crocs qui luisent
mais qui ne m’effraient pas.
Il y a la puissance musquée de ton parfum rance,
mais qui ne me repousse pas.
Je suis là, près de toi. Autour de toi. Devant/derrière toi.
Je t’accompagne comme une ombre plus vaste encore dans ce territoire sans lumière.